Covid-19 : cinq questions autour du masque FFP2, plus filtrant mais plus délicat à utiliser

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Le masque FFP2 est déjà obligatoire dans les transports en commun chez certains de nos voisins européens. En France, le masque chirurgical reste pour l'instant privilégié.
Le masque FFP2 est déjà obligatoire dans les transports en commun chez certains de nos voisins européens. En France, le masque chirurgical reste pour l'instant privilégié. La nouvelle vague de l'épidémie de Covid-19 continue de déferler en France. Le taux d'incidence s'élevait à 1.518 nouveaux cas pour 100.000 habitants, jeudi selon CovidTracker. Et plus de 219.000 contaminations ont été détectés en 24 heures samedi. Un chiffre supérieur à 200.000 pour le troisième jour consécutif. Pour mieux se protéger du variant Omicron, plus contagieux, le débat autour des masques FFP2 refait surface dans le débat public. Est-il plus protecteur qu'un masque chirurgical? Faut-il le généraliser? 
Voici quelques éléments de réponse.

1. C'est quoi un masque FFP2?

Ce masque, en forme de bec de canard, est constitué d'une pièce faciale (demi-masque ou masque complet) assortie à un dispositif de filtration. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) rappelle qu'il s'agit "d'équipement de protection individuelle, répondant à des exigences de sécurité et de santé européennes", vérifiées selon la norme NF EN 149 ou "par des normes étrangères reconnues comme équivalentes." 

La norme EN 149 définit trois niveaux d'efficacité de filtration : FFP1, 2 ou 3. 

2. Est-il vraiment plus protecteur? 

Cette composition permet une filtration accrue comparée aux masques chirurgicaux ou en tissus, "de 94% des aérosols" précise la DGCCRF. Selon une étude des chercheurs de l'université de Göttingen, en Allemagne, et de l'université de Cornell, aux Etats-Unis, si deux personnes discutent, à 1,50 mètre de distance, le risque que l'une d'entre elle soit contaminée est de 90% en quelques minutes sans masque, de 30% au bout d'une demi-heure si chacune porte un masque chirurgical et de 0,4% après une heure s'ils portent des masques FFP2.

"Le FFP2 a le meilleur pouvoir filtrant, il protège mieux dans les environnements où le virus circule beaucoup", indiquait par ailleurs Karine Lacombe, cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine, sur LCI dimanche. 

 3. Est-il généralisé dans certains pays? 

En Autriche et en Allemagne, les autorités ont déjà sauté le pas : ce masque est obligatoire dans les transports en commun depuis un an. En Italie, le gouvernement a décidé le 29 décembre de rendre le FFP2 obligatoire dans les transports et lieux culturels, tels que les musées, cinémas, ou théâtres. Les enseignants des classes de maternelle devront également le porter à partir du 10 janvier. 

Des mesures qui inspirent la classe politique française. Eric Ciotti, député Les Républicains , appelle à la généralisation du FFP2, notamment dans les services publics et pour les enseignants. "On va y venir j'en prend le pari", a-t-il assuré. 

A gauche, les candidats à la présidentielle Fabien Roussel (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) ont également annoncé qu'ils distribueraient des masques FFP2 à l'occasion de leurs meetings. 

4. Le masque FFP2 sera-t-il bientôt généralisé en France? 

Pourtant la généralisation de ces masques "bec de canard" ne semble pas d'actualité. "Dans certaines conditions, il est d'ores et déjà nécessaire, pour les soignants en particulier, a expliqué le ministre de la Santé, Olivier Véran, au JDD . Mais je ne souhaite pas en faire l'alpha et l'oméga de la lutte contre le virus : il ne suffit pas d'en porter un pour ne pas être contaminé." 

Et d'ajouter : "S'il estime que la situation le justifie, le Haut Conseil de santé publique peut proposer de faire évoluer la doctrine sur ce point à tout moment. Nous suivrions alors ses préconisations. Mais pour le moment, ce n'est pas le cas".

5. Quels sont les freins à son utilisation? 

Plusieurs freins subsistent pour une généralisation en population générale. D'abord, des contraintes d'utilisation. "Il est beaucoup plus imperméable [...] mais c'est probablement une contrainte parce que c'est mal supporté", explique Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) sur BFMTV.

Plus adhérent sur le visage, il rend la respiration difficile et n'est pas simple à positionner correctement. Bruno Lina, membre du Conseil scientifique, rappelle quant à lui sur LCI, qu'il "vaut mieux un masque bien placé qu'un FFP2 mal porté". 

Trop technique pour le grand public, de nombreux épidémiologistes conviennent qu'un masque FFP2 est plus utile dans certaines situations particulières, notamment pour les soignants. Le Conseil scientifique a évoqué le sujet dans son avis du 8 décembre, privilégiant également cette protection pour les personnes "les plus fragiles ou non vaccinées".

Un argument repris par le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, en réponse à certains syndicats d'enseignants qui plaidaient pour en obtenir. "Il est très difficile de faire cours avec un masque FFP2, lequel est d'ailleurs réservé au monde soignant", a-t-il déclaré dans Le Parisien . "Ces masques sont réservés en priorité aux professionnels de santé et aux autres professionnels. Certains ont été réquisitionnés par l'Etat notamment pour garantir l'approvisionnement des professionnels de santé", rappelle par ailleurs la DGCCRF, sur son site internet.  

Autre frein à ne pas négliger : le coût de ces protections individuelles. Un masque FFP2 est six fois plus cher à l'unité qu'un masque chirurgical. On estime son coût entre 50 et 60 centimes le masque, 30 à 40 centimes pour les commande en gros à destination des soignants.  

Publié le 03/01/2022      LeJDD

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